Salutation mon très cher lecteur, pendant que vous vous prélassez bien au chaud, sur votre coussiège favori, je vais vous raconter la suite de mon périple…
Je suis rentré en Iran exactement le 8 février, oui je sais, c’est là que vous vous rendez compte que je suis complètement en retard sur mes articles.
Bref, devant le douanier qui inspecte mon passeport et mon visa, j’attends sagement avec mon litre de vodka et de vin dans mon sac a dos.
Après quelques minutes, j’ai mon tampon d’entrée suivi d’un « Bienvenue en Iran »
Passage du sac a dos au scanner, je jette un petit coup d’oeil au douanier comme si j’attendais a tout moment qu’il sonne l’alarme, mais que dalle, je récupère mon sac fier de ma connerie, je crois que je suis un indécrottable teigneux, je tire toujours une jouissance perverse à me mettre dans des situations limites.
C’est parti pour la découverte d’un nouveau pays.
Salam l’Iran !
« Taxi, taxi, taxi ? »
« Change money ? »
En sortant du bâtiment, me voilà agrippé par une dizaine de malotrus, je file dare-dare loin de cette foule.
Je marche quelques km entre ces magnifiques montagnes et je commence le stop qui fonctionne du tonnerre bien que beaucoup d’Iraniens ne comprennent pas le principe, ils me proposent souvent de me déposer près d’une station de bus ou de taxi.
Je flânai l’air de rien dans les rues de Tabriz sous un torrent de pluie, a la recherche d’un bureau de change.
Pour que vous compreniez bien le contexte dans lequel je suis, je vais vous donner quelques détails.
Il est 19h et je n’ai toujours rien avaler de la journée, il faut que je songe à me remplir la panse mais je n’ai pas d’argent, il faut aussi que je trouve quelqu’un qui puisse m’héberger, procédons donc par priorité, échanger de l’argent afin de pouvoir me payer une spécialité iranienne.
Dois-je rappeller a mon cher lecteur que je ne peux utiliser ma carte bancaire en Iran ?
Je demande a plusieurs passants dans la rue, mais ils s’accordent tous sur la même réponse, a savoir « C’est fermé. »
Donc je me retrouve dans une grande ville a 19h, sans argent avec un froid a te faire rentrer les noix dans le ventre, une faim de loup et pour couronner le tout, je ne sais pas où je vais passer la nuit.
J’avoue que j’en menais pas large a ce moment là, mais j’ai encore quelques tours dans mon sac. Je trouve une église sûr la carte de mon téléphone, tiens ça serait marrant de demander l’hébergement…
Je sonne :
« Bonjour, je suis un voyageur, c’est mon premier jour en Iran, je cherche un hébergement pour ce soir, je pourrais dormir dans l’église ? »
« Non, c’est impossible »
Je continue mon chemin, après l’église, pourquoi pas les mosquées… Quelqu’un m’aborde dans la rue, il parle même français, il me dit que je peux échanger de l’argent plus loin.
30 minutes plus tard j’arrive enfin a destination, aucun magasin d’ouvert… Mais plusieurs gars m’approche en me disant :
– « Change money ? »
Je comprends qu’il peuvent m’échanger mon argent ici, là dans la rue, j’aime pas ça mais je suis coincé. Évidemment je n’ai aucune confiance… Je décide donc d’échanger une petite somme, si je me fais entuber, ça sera pour pas grand chose, ils acceptent mon argent arméniens, me voilà maintenant avec une liasse de billets Iranien, qui ce nomme le Toman, l’équivalent de 10€.
Reste a trouver un hébergement, Couchsurfing, l’application qui permet de rentrer en contact avec des personnes susceptibles de m’héberger.
Ayant besoin d’internet, je rentre dans un magasin de téléphone portable.
– « Salut les gars, vous pourriez me partager du wifi ? »
Un jeune gars derrière son comptoir parlant anglais me propose de partager son wifi, me voici connecté.
En voyant une mosquée en face, je lui demande si je pourrais y passer la nuit, il me répond que non, cette mosquée est fermé.
Voici mes options :
– il y a un aéroport au nord de la ville, je pourrais y passer la nuit facilement, seulement c’est a 25km
– Je pourrais poser ma tente quelques part, l’idée ne m’enchante guère pour une première nuit dans un nouveau pays
– Faire le tour des mosquées ouverte, pourquoi pas, j’aime bien le défi
Dehors un froid piquant me mordait le nez et les joues, je préfère attendre tranquillement à l’intérieur de ce magasin, ils me proposent même un fauteuil et du thé.
J’attends patiemment et après 20 minutes, je reçois une réponse positive d’un certain Saleh, il me dit qu’il peut m’héberger cette nuit !
Il se trouve a 8km de ma position, il est 21h, en marchant vite je pourrais y être vers 22h30, je remercie chaleureusement le jeune homme pour le partage du wifi et je mets les voiles en direction de la maison de Saleh.
De là je rencontre Cyrill qui est hébergé chez Saleh également, Cyrill est allemand, il parcours le monde en stop depuis 1 an.
Le lendemain c’est une tempête de neige qui s’abat sur Tabriz, nous découvrons une ville enneigée et ralenti par les cm de neige qui gagne heures après heures.
Nous profitons du bazaar pour se mettre à l’abri et boire un bon thé.
Le soir nous allons dans un centre commercial avec une iranienne que nous avons rencontré dans l’après-midi, nous jouons au auto-tamponeuses et d’autres jeux qui me rappellent les vogues de mon petit village.
Après quelques heures, nous sortons sous la neige qui aura redoublé d’intensité, ça monte jusqu’à 20cm dans les rues de Tabriz.
Puis me viens l’idée de faire du stop, là comme ça, spontanément, je lève le pouce en rigolant, en vérité j’y croyais moyennement mais il y a bien une voiture qui s’arrête à mon niveau, surpris je ne savais pas quoi dire, je bafouille quelques choses comme ça « Euh, nous allons au centre ville »
Cette voiture était tombée du ciel et je n’étais pas au bout de mes surprises…
Ils nous invitent à boire un thé chez eux, le temps que la tempête se calme.
Après le thé, le père de la famille me pose la question fatidique :
« Tu bois de l’alcool? »
« De temps en temps repondais-je »
Passons maintenant à la vodka…
Nous resterons jusqu’au lendemain matin chez une famille incroyablement généreuse, c’est la spontanéité de la rencontre qui fût magique.
Nous quittons Tabriz avec Cyrill en direction de Téhéran, la capitale de l’Iran.
600km nous sépare de notre destination, c’est parti !
Nous sommes sur l’autoroute, à un péage plus précisément, il y a des policiers sur place, nous discutons avec eux et à un moment l’un d’eux nous dit « Nous allons arrêter une voiture pour vous »
Il fait signe a une voiture de s’arrêter, Téhéran n’est pas sa destination mais il peux nous avancer de 300km, putain c’est parfait !
Après ça nous marchons une nouvelle fois sur l’autoroute, sous un pont un gars fume une cigarette tranquillement, je l’aborde en lui disant :
« Salut, tu ne vas pas a Téhéran par hasard ? »
Il me répond que oui, bordel de merde, trop facile…
Après quelques km, nous nous arrêtons sûr une air d’autoroute, l’un de ses amis se joint à nous puis nous reprenons la route.
Arrive le soir, ils nous proposent de boire de la vodka dans un restaurant perché dans une montagne.
Décidément, j’ai le flair pour rencontrer des Iraniens qui aiment la vodka, pour sûr.
On lève le coude en se disant « Salamati » l’équivalent de « Santé ».
J’ai eu la bonne idée de proposer ma vodka que je me trimballe depuis quelques semaines maintenant, mais là attention, ce n’est pas de la piquette, nous avons affaire a une vraie vodka d’Arméniens, ils savent boire dans cette contrée !
C’est beaucoup plus fort que la vodka iranienne, mais ils aiment bien !
Le moment de reprendre la route, nous sommes tous un peu chaud, musique et bonne humeur sont au programme pour les 150 dernier km jusqu’à Téhéran.
J’ai cru que j’allais y laisser ma peau dans cette voiture, le conducteur s’est quand même enfilé une dizaine de shot de vodka et nous voilà à rouler à 200km/h en slalomant entre les voitures, ce gars est complètement taré, l’ivresse de l’alcool nous emporte tous, nous dansions musique à fond comme si nous étions immortels.
Nous arrivons finalement à Téhéran vers 22h en un seul morceau.
La soirée est loin d’être terminée, ils nous déposent chez des amis de Neda et Magid.
C’est un couple que nous avons contacté sur Couchsurfing, ils ont accepté de nous héberger.
Nous rencontrons une dizaine de personnes dans un appartement très cosy, au bout de 5 minutes je me retrouve a jouer aux cartes avec un verre de vodka à la main, putain j’aurai jamais bu autant d’alcool qu’en Iran.
Le lendemain c’est l’anniversaire de Neda, on remet ça encore une fois !
Je découvre Téhéran, c’est une très grande ville, entre vous et moi, je dois vous dire que je ne suis pas très fan.
Avis subjectif et personnel, je crois vraiment que je ne suis pas fait pour les grandes villes, tout ce monde les uns sur les autres, ce brouhaha permanent, la nature me manque et je sais que je ne vais pas rester très longtemps ici, pourquoi venir a Téhéran me dirais-vous ? L’ambassade du Turkmenistan se trouve ici, c’est ma prochaine destination et j’ai besoin d’un visa pour traverser le pays.
Un après-midi tout à fait normal à Téhéran, nous sommes dans un parc avec Cyrill assis sur un banc au soleil, apparemment c’est la saison où les chats sont en chaleur, nous avons droit a un sacré spectacle.
Puis un Iranien nous accoste, je me doute de rien a ce moment là mais une mauvaise rencontre m’attend.
En 8 mois de voyage, on me pose souvent la question, « As-tu fait de mauvaises rencontres »
Non, jamais.
Maintenant je peux répondre oui.
Après avoir discuté avec lui, il nous propose de visiter Téhéran ensemble.
Un beau parleur ce gars, bien coiffée et bien habillé, le genre d’escrocs qui passe pour quelqu’un de sympathique.
J’ai pas envie de m’étaler sur ce connard, mais après notre petite balade improvisé, voilà qu’il nous demande de l’argent.
Il a osé l’enfoiré !
Tout ce qu’il obtiendra de moi ce sont des mots doux, Cyrill, lui a un tempérament toujours très calme en toutes circonstances, je sais pas comment il fait… Moi j’étais énervé comme jamais.
J’ai eu un petit coup au moral, pendant quelques jours, je me demandais si les gens venaient vers moi pour de l’argent où la sincérité d’une belle rencontre ?
Vous savez qui est né un 17 février ?
C’est moi et aussi Marc Marquez.
Je vais fêter mon anniversaire à Téhéran, en Iran.
Une nouvelle tradition est née, à partir de maintenant, je fêterai mes anniversaires en présence de plein de gens venu de 4 coins du monde, j’adore l’idée.
Je crée un évènement dans un café que me recommande Neda, rendez-vous a 20h!
On est environ une quinzaine, il y a des russes, des allemands, des iraniens et une espagnole, un beau mélange.
Nous buvons du thé tout en fumant de la chicha, il y a évidemment pas d’alcool, c’est très étrange de pas boire d’alcool pour mon anniversaire mais avec les litres que j’ai bu ces dernières semaines, c’est pas plus mal.
Je souffle mes bougies, je fais un vœu qui se réalisera jamais et voilà, j’ai 30 ans.
A 23h, un gars se pointe, ils nous proposent de continuer la fête chez lui, dans un cadre privé… Devinez pourquoi…
Généralement on marque le coup lors de nos 30 ans, pour moi ça n’avait pas d’importance mais je dois dire que je m’en souviendrai de celui-là.
Je ne peux pas en dire plus sur la suite des événements, nous nous sommes dit que tout se qui se passe à Téhéran, reste à Téhéran.
Je continue mon voyage en solitaire, je me dirige vers le sud alors que Cyrill continue vers le nord est.
Je dis au revoir à Cyrill et à Reza qui nous a hébergé une nuit, je prends le métro le plus proche pour sortir de la ville et commencer le stop.
Dans le métro, je ne passe pas inaperçu, j’ai rencontré plusieurs jeune iraniens curieux d’échanger avec moi.
Discutant tranquillement avec Ehsan, je constaste qu’il est possible d’acheter tout et n’importe quoi à l’intérieur même du métro, il y a des gens qui passe avec tout une ribambelle de bric à brac.
J’arrive à Qom, je suis pris en stop par un gars qui après 5 minutes me demande quelle est ma religion, en lui répondant que je n’en ai pas, il me répond
– « Pauvre fou, il ne faut pas dire ça ici »
Je lui dis « J’ai toujours dit ça et je n’ai jamais eu de problème »
Nous avons eu un débat à ce propos mais je garde ma ligne de conduite, a savoir dire la vérité en toute circonstance, je n’ai pas à inventer des bobards pour quelques personnes qui ne sont pas ouverte d’esprit.
Plus tard, je trouve un petit restaurant qui propose des kébab, je casse la croûte puis au moment de payer il m’annonce 160 toman, l’équivalent d’environ 10€.
Ma deuxième mauvaise rencontre…
Il se trouve que j’ai mangé un kebab il y a même pas 2 semaines, j’avais payé 25 toman.
Je lui dis simplement « Tu peux te les mettre où je pense tes 160 toman »
J’avoue, je perds patience rapidement, je commence à m’énerver…
Honnêtement, l’idée de me barrer sans payer m’est passé par la tête, mais j’ai consommé, je tien à payer.
Au bout de 10 minutes de conversation, toujours le même prix, têtu le type.
Mais avec Google Translate, je lui explique bien que jamais je paierai ce prix là.
J’appelle Reza qui m’a hébergé à Téhéran, en partant il m’a dit « Appelle-moi en cas de problème »
Ça tombe bien, Reza parle anglais et farsi, je passe mon téléphone au gérant, après même pas 15 secondes de conversation, il me dit « OK, 45 toman »
C’est déjà mieux même si j’ai l’impression que c’est toujours plus cher que la normale mais je préfère payer et partir loin de ce lieu maudit.
Voilà une expérience que je retiendrai comme une leçon, maintenant je demande systématiquement le prix avant de consommer.
Le lendemain je me dirige vers une petite ville qui se nomme Kashan, où je suis hébergé chez une famille iranienne qui danse tout le temps.
A peine réveillé le matin, je me lève en les découvrant en train de danser dans une ambiance très joyeuse, ils dégagent vraiment de la bonne humeur au quotidien.
Après 2 jours à visiter cette petite ville, le besoin de nature m’appelle, au-revoir les villes, j’ai besoin de me ressourcer.
Ils me déposent à l’entrée du désert de Maranjab où j’ai prévu une randonnée de 3 jours en solitaire, j’ai avec moi 4 litres d’eau, du riz, des pâtes, des fruits…
Let’s go !